Café- croissant de 9h01 : Cher Monstre de Compagnie
9h01#4 Le jour et la nuit. Angoisse nocturne ou ce que vous voulez.
Je te dirais bien de sortir de sous-le-lit mais je dors par terre, il n’y a pas d’espace pour toi normalement. Mais je te vois bien avec ta forme de galette en haut sombre qui se faufile et vit sa vie comme l’ombre de Lucky Luke.
T’as le chic pour débouler la nuit, pourtant je te connais je sais qu’au petit matin ton lot d’angoisses a l’air bien moins rempli et se déballonne. Des années que je connais tes méthodes et pourtant il m’arrive de tomber dans tes charmes.
Je réfléchis : est-ce que ce trajet je dois faire très tôt le matin très rapprochée d’un autre, sera si terrible ? Certes il fera encore nuit, encore elle, mais j’en ai vu d’autres. Je la connais ta ritournelle et je préfères écouter ce que la Nuit, elle, devra me porter.
Son toucher feutré à elle mais pas ton aplat exacerbant toutes mes montagnes infantiles.
Je le connais ton chant de sirène.
Ravale-le et le persil de mes oreilles qui va avec.
Le jour te réduit à une virgule.
Tu n’es juste doué qu’à parler plus fort.
Tu arrives à me flanquer le doute, l’angoisse sur mes capacités et vient brouiller mon intellect qui rentre en duel avec toi.
Alors écoute-moi mon petit bonhomme comme dirait Monsieur, je sais à peu près qui je suis et je te collerais bien mon point de charmeuse de serpent dans ta petite face toute plate de bande dessinée.
Tu vas arrêter de me faire tergiverser dans mes nuits d’insomnie que je préfère dialoguer avec mon ventre. Je ne sais pas si je suis un crocodile qui a avalé une montre à gousset ou un horloge qui a englouti un crocodile, mais je peux te dire que bientôt c’est fin de partie.
Mon temps est compté, et je tiens à ce que le sable qui emplit mon sablier provienne de la dune la plus pure et la plus fluide. De celle qui se meut au gré de ce qui attire, à la lueur de ce qu’elle doit faire, à la portée du sirocco avec qui elle partage l’épiderme de la Terre, en bons partenaires.
Je ne m’associe pas facilement, alors si tu veux entrer en contact avec moi je te conseille d’user des doutes à bon escient.
Je ne suis pas contre d’être malmenée, un peu, mais uniquement si le corps à corps est équitable. Un combat à mains nues, les pieds qui ne brûlent pas trop sur un sol à peine mouvant.
Et puisque mon matelas ne t’étouffe pas, je veux bien te garder sous forme de bulle ou d’un trou noir dans lequel tu me happes, à condition que je ressorte bien vite en me hissant à doigts nus de ton abîme d’esbroufe.
Je t’aurais prévenu Monstre Poilu, les animaux à fourrures je les amadoue jusqu’à ce qu’ils en redemandent de la caresse.
Bonne nuit à toi,
et à dans deux soirs pas avant.
Ça faisait plusieurs dimanche que je ne vous avais pas envoyé ce rituel café- croissant de 9h01. Mais je ne vous oublie pas ! Il faut parfois du temps pour laisser reposer la pâte ou le sablier. Je vous imagine le matin en train de lire ces bouts de papiers plutôt reposés, j’espère, mais parfois je sais qu’ils atterrissent en début de semaine pour détourner votre attention du travail… Non ? Êtes-vous embrumé.e, la main sur le téléphone, ou bien sagement au comptoir ou dehors devant votre jolie tablée de petit déjeuner ? Et peut-être avez-vous aussi des peurs nocturnes qui semblent ridicules au petit matin !
Lisez comme vous voulez, et n’oubliez pas : un mot pour moi si vous le souhaitez en répondant simplement à l’envoi ou en écrivant un commentaire. Partagez pour que d’autres personnes que vous choisirez lisent également leur missive du dimanche.
Et oui ma curiosité souhaite en savoir plus sur vous et ce que vous venez trouvez dans ce lieu.
Qu’est-ce qui vous plait chez Facteur Commun ?
Un conseil par ailleurs : lisez après avoir ouvert l’enveloppe en cliquant sur le titre de la lettre. Vous atterrissez dans un espace bien plus agréable que le blanc glacial du fil de votre boîte mail. Je vous rappelle que nous sommes dans un espace club qui vous reçoit dans une serre au jardin d’hiver. Si vous regardez bien, le fond de l’air y est teinté d’un léger jaune vert, parsemé de quelques zestes de-ci de-là , un léger goût de frangipane servie avec une orangeade. Du doux et du pétillant, du feuilleté moelleux aux notes de fleurs d’orangers, servi tout juste frais.
Alors qu’en dites-vous ?
Bisou bisou,
Shéhérazade.