Café-croissant des vacances #5 -Et au bout du rouleau la Mer
Dernier tirage au sort de mon téléphone, dernière carte postale. Postée tout juste pour la rentrée... Et je vous la lis même, si vous le souhaitez en cliquant juste là-dessous !
Paris, le 1er septembre 2024.
Chère Dune,
Je pense à toi.
Souvent.
Cette carte tu pourrais penser que c’est pour me moquer mais ce n’est pas vrai. Pour me marrer et en profiter ça oui !
Ça fait trois ans que je ne me suis pas baignée dans tes eaux. Chez toi c’est un bout de chez moi. J’y tiens énormément. Cette odeur de pins que j’ai essayé de rapporter une fois dans un Tupperware, l’élégance élancée des cimes ciselées qui me regardent de haut…
Je m’y sens bien et abritée. Même quand des pommes me tombent sur la tête, je me prends pour Newton.
J’ai rencontré quelqu’un et un espace-temps vers chez toi. J’y ai retrouvé un lys des sables une fois, les mêmes qu’ils y’avait en Tunisie devant la mer. Pas loin de la maison. La nuit je m’endormais au son de la mer. Je crois bien que cette fleur m’a suivie pour indiquer encore le chemin de la mère.
Quelques comparses à elle que j’ai découvertes chez toi m’obsèdent. Un jour je vivrai ici au pied des origamis de fleurs de dune.
Ton eau.
Ton eau salée qui délasse, révèle les parcelles du corps et accablent le soir d’une fatigue parfaite.
Les siestes au doux bruit de l’océan, le sable qui reste un peu collé et sent le chaud, le frais et le sel à la fois.
Tes grains je les ai regardés émue, tapis timidement au fond de mes valises dans des appartements.
Je ne suis pas revenue depuis que tu as sérieusement brûlé. Parait que tu te régénères, force de la Nature oblige.
J’en ai pleuré pas voulu me retourner pas voulu regarder.
Je vais rappliquer un de ces quatre, un petit colis sous le bras qui n’a pas encore trempé ses quatre pattes sous tes courbes.
Tu bouges.
Moi aussi.
La montagne mouvante.
Venir te voir…
Hâte de retrouver cette sensation de facile, on fait avec. Ce qu’on a sur nous. On voyage léger.
Un œuf à la coque trop cuit avec une cuillère en plastique c’est déjà fun. Avec un rouleau de papier toilette en guise de coquetier c’est du luxe.
On se marre de la trouvaille, j’ai tout simplement l’impression que c’était fait pour exister l’œuf et le papier toilette. Certains feraient une bonne blague de lien de cause à effet en énonçant “cul de l’œuf ou de la poule ?!…” etc.
Le partager sous le même air respiré c’est juste un moment parfait.
Celui que je peux me remémorer en respirant fort.
Au bout de tes rouleaux il y’a moi, la mère.
Un jour une femme m’a raconté sa Méditerranée et a versé des larmes d’émotion inattendue car sa mer, c’est le fil de l’eau de sa famille.
J’espère qu’il n’y a plus que quelques gouttes de sable qui nous séparent.
Embrasse-moi bien vite,
Shéhérazade.
Cette semaine une question très simple : Pourquoi envoyer des cartes postales uniquement en vacances ? Ne serait-ce pas une bonne habitude à prendre tout au long de l’année de la part de votre Factrice atypique ?
Bonne rentrée à vous, ou non. Ne rentrez pas si vous ne voulez pas. Tracer des lignes datées n’a rien d’obligatoire pour tout le monde.
Bisou, bisou.
PS : Pour vous remémorer qui m’a appris le mot “en guise de” il suffit de lire la carte postale #2 Le passage des poissonniers. Je l’aime beaucoup.