Le bruit des volets et 3 faits divers de ma vie parentale
Tout couper pour reprendre du souffle. Je reprends avec un chuchotement.
J’ai moins écrit ici hésitant sur quoi partager.
Par quoi commencer. Une panne physique, un trop plein.
J’ai du couper à nouveau pour rendre soutenable le monde environnant.
Mais comme je finis toujours par aimer retrouver l’atmosphère de Facteur Commun et de mon jardin d’hiver, j’ai décidé de m’assoir dans la serre en partant de Petites Choses.
Une pelote toujours sûre à dérouler. Et en vous faisant part du pourquoi.
Faire le vide
Je retourne à la maison, notre maison, dans notre campagne, avec les poubelles qui passent toutes les deux semaines, la fibre désormais sous terre mais le téléphone toujours aussi pourri.
Et pour unique compagnon, mon fils de 19 mois.
Une équation alors :
Le bruit des volet + écouter le ronron de la maison = entrer en solitude de son bruit blanc.
Dans quelques jours j’aurai l’impression d’être vraiment trop seule au monde.
C’est le seul moyen pour moi pour rester dans une limite maximale de stress et d’activités de reconversion entrelacées à ma vie parentale, une zone haute située avant un plafond à ne pas franchir.
De bonnes factures
Car fort heureusement je suis bien ancrée sur mes deux pieds je sais temporiser. Mais ce n’est pas sans aiguillages qui s’emballent.
Concrètement quand apparaissent ces trop-plein ?
Entre créativité, réflexion cérébrale et fabrication artistique viennent s’ajouter la stratégie et la prospection.
Ce poids que j’ai sur les épaules consiste à me rendre visible et gagner à nouveau ma vie tout en changeant de vie.
Et je n’y suis pas encore.
Tel le Lapin et sa Montre, dans un monde pour beaucoup constitué de notes rédigées avec des chiffres, elles.
Avec un Tout Petit qu’il ne faut pas oublier et continuer d’observer.
Viennent alors ces moments où, trop entrecoupée par mes propres sujets à faire avancer, je ne parviens plus à mener des réflexions ou des actions jusqu’au bout.
Avant la naissance de Jasmile, j’ai réalisé la préciosité de cette nouveauté, de cette chance à observer et qu’il serait un point de départ : je me sers de son regard et de ses apprentissages purs pour apprendre moi-même.
Comme force motrice pour poursuivre ma trajectoire, j’utilise mes convictions : celles de l’art, des vertus du beau, de l’attention et du repartage. De la quête du Point Commun•
Défis et challenges activent alors ma curiosité qui agit alors comme un turbo ou un starter, c’est selon mon avancée du programme de machine à laver…
À contrario ces défis déploient de la pression qu’il est bon de chasser avec une soupape, rapidement efficace et physique.
Mais revenons à l’essentiel, partir du Tout Petit. Partir de la joie.
J’avais envie de vous relayer ces quelques spécificités récentes de ma vie parentale qui m’ont faite sourire !


1. Je parfume ma poussette
Je me range sur le trottoir je bloque le frein.
Je sors mon vaporisateur rouge et bleu de mon sac à main puis me penche au pied de ce satané engin dont je me débarrasserais bien. L’impression d’avoir toujours un truc dans les mains, un machin à pousser (mais c’est pire sans).
Je vise alors la roue avant droite : la pire.
Pschittt !! un coup bien dans l’axe, puis pareil sur l’avant gauche.
Tiens, en regardant de plus près ça mériterait encore un rinçage sous le robinet de la cour de l’immeuble. Les rues de Paris sont prolixes.
Un dernier coup sur les roues arrières, même si celles-ci n’ont pas encore émis de protestations.
Depuis quelques semaines, je me trimballe avec du WD 40 dans mon nécessaire minimaliste mais essentiel de Mama Quadra.
Une roue qui rouille ou commence à se gripper transforme ma Coquillette de 12 kilos en poids mort de 48, qu’il faut pousser en ahanant.
Ce qui n’arrange pas mes performances pour remonter le paquet au 5ème sans ascenceur.
Faut pas pousser.
Je ne parfume pas à proprement dit, même si l’odeur m’est familière et pas si désagréable. Mais la satisfaction est de l’ordre de 1000%.
C’est fou ce que ce petit aérosol vous donne l’impression d’être un bricoleur de génie :
un volet qui grince, “WD 40”, une serrure revêche, “DW 40”, une poussette mal élevée, “W 40”.
Son matricule de marque numérologique lui vaut des écorchures de son nom, où chacun va du chiffre et de la lettre dans l’ordre qu’il retient… Mais à l’usage, quel soulagement !
Je ne saurais remercier suffisamment cette mixture de m’ôter un quintal dans le dos en trois coups de vapo.
2. J’ai plus de paires de chaussettes trouées que de paires non ajourées.
C’est officiel.
Et j’entends par là le binôme complet troué.
Quel est le rapport avec ma vie parentale me direz-vous, le voici :
Chaque fois que ma Coquillette sourit en voyant mes orteils dépasser de mes chaussettes elle assène un :
Bi’Bpiiiii !
Ma grande collection de chaussettes à trous et la fréquence de leur usage tel quel, m’a permise de comprendre que ces deux syllabes signifient pour Jasmile :
Pied !
Et non pas Pipi !
Et c’est à prononcer en remontant, comme une exclamation.
3. Au jeu des objets qui bougent
On parle souvent de l’activité de rangement en tant que parent… de celui qui consiste à écarter du chemin la petite voiture, le cube en bois ou le couvercle en plastique du chemin. Potentielles peaux de bananes sournoises, prêtes à se glisser sous votre pied alors que vous vaquez aveuglément, encombré de l’entité infantile.
Pauvre de vous !
J’aimerais apporter une nuance à cette image (véridique pourtant).
Le ballet consiste plutôt à déplacer les objets de manière incessante plutôt que de ranger.
Une première fois pour les mettre hors d’atteinte (téléphone, carafe d’eau, sachet de riz entamé), hors de portée de nuire (tondeuse à barbe ou à gazon, couteau de cuisine, feutre indélébile, disques vinyles), hors de portée de désir (croquettes pour chat).
Ensuite pour les remettre à leur place au fil des activités et localisations (redescendre tous les appareils électriques de l’étagère à “jolis objets”, redescendre la brosse des toilettes, enlever le téléphone du lit).
Retrouver les objets que l’on a évacués à la hâte dans un réflexe sans même s’en apercevoir (“t’as pas vu mon téléphone/ le mixeur/ ses chaussettes ?”).
Réponse qui fonctionne souvent :
Devant toi.
Puis remettre ceux “dérangés” par l’enfant (voir plus haut les bananes en peau de vache véritable).
Ou retrouver ceux de l’enfant (j’ai cherché la veilleuse un quart d’heure pour la retrouver rangée dans la table de nuit de son père l’autre soir. Un comble !).
Puis RECOMMENCER !
Et du ballet de reprendre sa ritournelle…
D’une musique entêtante qui pourtant passe si vite.
Se couper de la cacophonie
Je reviens à mon mutisme. Je pense que ça parle à certaines personnes ici. De ce besoin de marquer une vraie coupure d’une activité passive, que l’on subit.
Mettre le doigt sur cet aspect cyclique est récent pour moi et je vais porter attention à ce phénomène pour la suite.
Vous ne m’avez pas beaucoup entendue par ici ces dernières semaines car j’ai, à nouveau, ressenti le besoin de tout couper pour faire calme puis rompre le silence. Dans ces moments je suis dans une impossibilité d’articuler des mots écrits qui viendraient s’ajouter à tous ceux qui peuplent mon esprit et m’épuisent par intermittence.
J’ai constaté que je reproduisais un cycle assez régulier depuis plusieurs mois : Toutes les 6 à 8 semaines j’éprouve la nécessité de tout couper venant de l’extérieur (informations, Instagram de façon totale, alors que j’en consomme déjà peu ou uniquement si j’ai envie de publier et pas parce qu’il faut).
Me couper pour mieux affronter à nouveau, comme par exemple l’émergence aux nouveaux despotes à bannière étoilée, la surenchère à l’ineptie, l’intolérance, l’unification de la pensée qui démarre par la suppression de certains mots du paysage. Rien que ça.
À certains moments j’active donc ce mutisme pour me permettre de redescendre à un palier d’activité acceptable, avant de reprendre une “productivité officielle”. À Noël je vous faisais part de ne faire pour la période que par Envie et Désir.
En réalité je continue d’avoir une activité cérébrale mais plus apaisée. Celle dont je devrais pouvoir bénéficier pour travailler correctement. Moins entrecoupée et contrariée. L’impression de m’entendre penser et réfléchir. Me permettant de retrouver de la sérénité et du sang froid pour garder le cap.
Relativiser ma situation.
Je coupe pour éviter le repli. Si tentant pourtant. Vivre dans une bulle ou un îlot verdoyant fait si envie (va pour une oasis ça m’ira aussi !).
Il serait si simple de se replier et de laisser graviter trois atomes autour de soi :
Son chéri.e.
Son chien/ son chat (ou une série nette et flexible à son humeur) et…
Sa maison.
Je vous laisse sur cette fin de dimanche que je vous souhaite d’intensité modérée. Vos remèdes anti-cacophonie sont les bienvenus en commentaire.
Je ne vais pas faire disparaitre des mots de mon côté ne vous inquiétez pas. Tant que je peux reprendre mon souffle vous me retrouverez toujours par ici.
Bisou, bisou,
Shéhérazade.
P.S : Maman, cette lettre n’est pas un message alambiqué pour que tu m’offres de nouvelles paires de chaussettes.
Non ma fille nous allons vers les beaux jours…
Quant au besoin de faire silence je pratique depuis de très nombreuses années cela permet l’évasion du quotidien et le retour sur soi 🥰🥰🥰