Bonus Fiasco 2022, le voyage intérieur malgré tout
Les fiascos c'est rigolo ça serait dommage de ne pas en profiter.
Avant d’entrer pleinement dans l’année et de partager les constructions que j’imagine ici pour 2023, je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas continuer dans ma lancée des récits de fiascos comme je l’initiais ici il y a quelques semaines !
J-2 avant la fin janvier, déjà. Non pas que je sois à cheval sur les dates comme je vous l’ai déjà dit, et encore moins sur la date de péremption des sujets à aborder (vous connaissez mon goût pour les petits suisse avancés). Donc je décide de parler de l’année passée (notons que c’était encore il y a 30 jours).
Ensuite seulement nous officialiserons l’entrée de plain pied sur les hauteurs de la nouvelle page blanche intitulée 2023 ou Année du Lapin d’eau, c’est vous qui voyez.
Les fiascos au fond c’est rigolo.
Avec du recul certes, et étant donné que je/ nous sommes en quête de joie et de rires je ne vais pas m’en priver. Il y’a d’autant plus un double effet au fait de s’autoriser à le nommer puis de le partager. D’une part, un effet de catharsis sur la peine causée voire de la honte ressentie face au revers essuyé. Et de l’autre, un enseignement.
Que le fiasco soit issu d’un situation ou d’une erreur de stratégie, il y a toujours de quoi en tirer à la fin. C’est le cas de chaque expérience me direz-vous, mais la force de la déception ou de la claque ressentie renvoie à tout autant d’enseignements bénéfiques pour la suite.
D’ailleurs je voulais remercier certains d‘entre vous de m’avoir confiée des fiascos !!! Ça me touche, ça m’honore. Ça m’a réconfortée sur le moment… et faite marrer aussi !
C’est le but des lignes et caractères noircis ici.
Nous en sommes au début, le début de la pelote commence à se former, je vous inviterai à partager plus d’expériences de ce genre ici-même à l’avenir croyez-moi. Je suis là pour ça, pour relier des points car je suis persuadée de la puissance du partage de ces Facteurs Communs, de la magie également qu’ils contiennent, surtout entre ”inconnus”.
Gare à toi Austerlitz
J’ai un rêve depuis quelques années.
Une idée-lubie née d’un souvenir d’enfance et de mon contact rapproché avec Monsieur (appelons-le Ivan) :
Prendre un train au hasard.
Voir où il nous même.
Profiter du voyage.
N’avoir qu’une brosse à temps. à dent.
De toute façon une brosse à dent ça s’achète à la gare.
À la fin de mon dernier tournage (je suis technicienne-décoratrice-intermittente-du-spectacle dans une autre vie), une fenêtre de trois jours inespérée s’est ouverte. J’étais à Paris, Monsieur aussi, avec trois jours off en vue.
Inespérée cette ouverture, d’autant que ma forme proche de la serpillère très essorée à cette période, ne demandait qu’à aller se frotter ailleurs pour absorber un peu de crasse rien qu’à elle, pas celle des autres. Un week-end prolongé pour redonner un peu de gonflant à ma fibre qui fait grise mine ? Je dis Oui !
Si je devais évaluer la période uniquement de mémoire pour la resituer dans le temps, je vous dirais que c’était l’été car il faisait très beau.
Mais que nenni.
En calculant bien : 3 jours de week-end d’affilé donc incluant un jour férié, en fin de tournage débuté en été, égal :
Le pont du 1er novembre !
Je ne vais pas épiloguer sur la randomisation des saisons, je pense que nous sommes tous au fait de certaines surprises ou décalages lisibles dans le ciel. Ce qui peut expliquer une approximation liée au calcul uniquement basé sur nos sens habituels. Je me suis aperçue que ça m’arrivait de plus en plus souvent cet imbroglio de dates archivées dans mes souvenirs.
Je pense qu’à un moment donné avec Ivan nous avons quand même eu le réflexe de nous dire pour nous raviser, C’est un pont, ça va être une galère, tout doit déjà être pris d’assaut…
Que nenni bis !
C’était trop tentant ce temps. Inopiné et alléchant, laissant encore plus un goût salé de s’y frotter. (Oui désormais “à mon âge” je suis plus salée que sucrée).
Nous étions déjà dehors à dos de Vélib’ pour nous balader lorsque la décision fut prise:
Fais surtout pas tes valises Simone, on y va !
Flashback
Là je dois vous préciser que l’un des constituants de ce rêve-lubie de micro-aventure venait d’un souvenir de mon voyage de CM1 partant de la Gare d’Austerlitz.
À la fin des années 80, mon instituteur (Cher Monsieur Contensou, …), décide de nous embarquer avec son collègue et fidèle acolyte de la classe voisine en classe de nature, dans le Périgord.
Direction Les Eyzies-de-Tayac ! La thématique : “sur les traces de Cro-Magnon”. Monsieur Contensou n’avait pas l’art de la mise en scène dans la poche : je me souviens de l’instant ou il a ouvert les battants du grand tableau vert dévoilant l’aventure qui nous attendait. Le jeu de mot CM1/ CM2 et “Cro-Magnon 1” “Cro-Magnon 2” pour joindre les deux classes m’avait subjuguée à l’époque !
Waou ! Mais ça ne peut pas être une coïncidence ! Comment a-t-il fait ?!!
Le charme a agi instantanément sur moi car à l’époque la préhistoire me fascinait. La TRÈS vieille histoire me fascinait. À cette époque je voulais être archéologue et ouvrir, première en tête et flambeau à la main, des pyramides qui n’avait pas encore été découvertes !
Le voyage commençait alors dès la préparation de la valise, mais une image m’est restée lors du départ.
Nous partions de la gare d’Austerlitz, gare secondaire qui semblait emmener dans des pays moins connus mais donc plus secrets, donc plus magiques. De nos jours je pourrais dire que ça me fait penser au quai 9 3/4 d’Harry Potter.
Le troupeau de primaires que nous étions passait sa frimousse dans l’encadrement des fenêtres escamotables du train corail pour dire au revoir aux parents restés un cran en dessous. Alors que le train démarra doucement je trouvai la scène très cinématographique (allez savoir !) et j’ai eu l’idée de sortir un Kleenex de ma poche en guise de mouchoir blanc. Je ne saurais pas dire dans quels films j’avais vu faire ça mais je trouvais que c’était de circonstance ! Mes camarades près de moi en ont fait autant et tout le monde rigolait aussi bien au-dessus des rails qu’à l’étage du dessous.
Ça c’est mon souvenir d’avant.
Il y a peu je suis retournée voir cette fameuse gare car mes voyages ne m’ont jamais faite repartir de ce quai magique.
Ça commence par le métro.
Il suffit de se rendre à la station aérienne Gare d’Austerlitz et sa structure Eiffel pour être transporté ailleurs. Un décor familier un peu suranné qui semble bien stable, qui perdure et donc fait du bien. On sent déjà tous les voyages qui ont démarré ici, la Belle Epoque qui s’éloigne ou emmène le chaland au centre de la capitale déglinguée.
Puis les paysages au bout du quai. Je verrais un type habillé en cow-boy ou une fille en crinoline plantée sur le quai que ça ne m’étonnerait pas. Je sais ce n’est pas logique mais moi je vois le Far West dans ce point de fuite métallique.
Puis vient la gare.
Ce lieu si graphique semble coupé de la circulation toute proche et ouvert sur l’horizon. En ce moment il y a une structure infinie de tubes d’alu qui forme un échafaudage cathédral. Ça me rappelle la gare de Bordeaux au moment où j’ai rencontré Monsieur. À la différence que Bordeaux Saint-Jean est un courant d’air, ouverte aux quatre vents.
Double perspective en vue. Deux points de fuites possibles.
Cette cathédral c’est déjà très impressionnant d’autant que le style de la gare imprime un effets de vagues modernistes sous ses voutes. Une sorte de mécano vertigineux imbriqué dans une évocation de la bulle du siège su Parti Communiste. Malheureusement un projet urbain d’une ampleur colossale devrait engloutir toutes ces vues.
J’en reviens à mon fiasco.
Nous déboulons à la gare.
Pour choisir quel train, je choisis un numéro de quai où des trains semblent être le plus… à quai. Le 12. Nous regardons le tableau d’affichage et vérifions la destination : Vendôme.
Va pour le n°12.
C’est parfait, ce n’est pas trop loin, 2H37 de voyage, on ne connait pas, c’est ni trop grand ni trop petit pour le weekend. Nous verrons sur place pour dormir !
Il reste 7 minutes avant le départ, nous ne sommes pas près du train en question. Nous décidons d’attraper un bouteille d’eau avant de partir car il fait chaud en cette veille de 1er novembre ! Les distributeurs sont HS nous tentons la queue du Relais, réputé pour embaucher les caissiers les plus rapides de l’ouest.
Pendant ce temps je dégaine l’appli Oui Sncf qui me dit toujours Non au moment de payer. Je sais qu’il faut s’y reprendre au moins à une fois.
Tic Tac, nous sommes encore moins en avance.
J’arrive à acheter deux billets de TER pour 60€ in extremis. Il nous reste 4 minutes pour monter dans le train… Je m’avance en courant pour avoir au moins le train en vue. Quelque chose a du me faire tilt à ce moment ! Je cours puis arrive dans l’axe du quai n°12 qui se dévoile enfin. En fin devrais-je dire :
Le train est assez loin sur le quai, il y a un peu de monde mais surtout il est TOUT PETIT !
Stupeur et délabrement !
D’un coup d’un seul j’ai compris que ça serait peine perdue… Encore un TER à une seule rame, on est un week-end férié et les billets se vendent encore bon sang de bonsoir ! Comment est-ce possible ? (Oui Sncf, enfin ma gente dame !).
Nous connaissons trop bien cette situation, habitués à ces farces pour nos tentatives de trajets Bourgogne-Paris. Déjà qu’il n’y a pas beaucoup de trains… Ne me lancez pas là-dessus je vais devenir désagréable et emportée.
Ivan me rejoint une bouteille d’eau et un magazine vaillamment attrapé à la main tout essoufflé. Il n’a pas encore eu droit à la “surprise”.
Je pense que l’équivalent d’au moins deux trains se répandait sur le quai, ce que nous constatons avec désarroi. Une queue de sardines partant du marche-pied semblait fabriquer une béquille à la mini-ramette. Elle n’était pas près de partir celle-là, attachée à son bitume !
Le reste du banc avait déjà jeté l’éponge. Pour ma part il était hors de question de tenter de m’approcher d’un pas de plus si ce n’est pour observer les mines déconfites des sardines à l’étuvée de ce mois d’octobre, valises et sac-à dos plaqués en l’air ou sous le nez d’une autre sardine.
La contrôleuse est arrivée à ce moment aussi déconfite que nous.
Je m’avance néanmoins pour lui demander :
-Pardon mais c’est possible de se faire rembourser ?
-Oui, il faut voir directement sur Rémi.
-Rémi ?
-Oui c’est le site du Centre-Val de Loire.
Rémi n'est apparemment pas son chef, enfin si. Mais je n’ai d’ailleurs toujours pas compris le lien entre Rémi et le Centre-Val de Loire !!
J’ai eu l’impression d’être revenue au temps de Chemins de Fer de l’État ou chaque ligne était “indépendante”. Les chemins de Fer d’Orléans et du midi.
À Austerlitz en tout cas on n’est déjà plus à la SNCF ! En plus Rémi m’a refilé un avoir (ça porte bien son nom). Valable uniquement sur ses rails à lui, évidemment.
Au moins ça m’aura évoqué une belle affiche comme celles que dessinait Paul Colin. Ça correspond bien au lieu et au voyage dans le temps.
Bon.
Déception totale, il est l’heure de déjeuner bien tassé, la journée s’entame sérieusement mais nous ne nous laissons pas abattre.
Tentons une autre gare ! Gare de Lyon à 3 minutes de monture ça serait dommage de ne pas essayer.
Bon.
Autant il y avait du mouvement Gare d’Austerlitz mais la Gare de Lyon un week-end de 1er novembre (vous ai-je déjà dit qu’il faisait TRÈS beau ?)… Nous sommes passés des sardines à l’élevage intensif de saumons.
Pas toujours très frais.
Certains viennent de loins (gare internationale) et il fait assez chaud en ce week-end de 1er novembre (il fait TRÈÈS BEAU).
Rebelote Tableau d’affichage.
Rebelote Oui Sncf, qui décidément répond Non Non et NON.
“Ce n’est pas pour aujourd’hui les amis, vous allez rentrer bredouille ! Il faut accepter votre défaite”. -Même pas un petit Paris-Fontainebleau en RER ? “Bah non, non plus, y ‘a plus moyen de trouver un hôtel” me dit mon téléphone.
Bah tu croyais quoi ma pauvre fille ? Un week-end FÉRIÉ on t’a dit ! Un week-end de novembre où il fait TRÈÈS BEAU !!
Ok, ça va, ça va. J’accepte. Pas besoin d’être méchant Mon Téléphone.
Rien n’y fait. Rien n’y fut.
Total comme dirait ma grand-mère,
on a fini par manger à la terrasse d’un italien après avoir marché des kilomètres. Il avait le mérite d’être relativement au calme en plein 12ème et de servir encore à cette heure (on aura passé le week-end à regarder notre montre !).
Morale de l’histoire
Alors non on ne va pas me gâcher mon mythe de la gare d’Austerlitz, je vous préviens ! Déjà que j’ai sacrifié mon fantasme d’acheter des billets au guichet pour une appli sans charme et inefficace de surcroit ! Même mes billets pourris de Rémi qui ne sont valables que chez lui ne vont pas me dézinguer la spontanéité de cette micro-aventure qui, un jour, sera parfaite dans la gare de mon enfance.
Bon, il faut juste qu’on se grouille un peu avant que le “mur urbain” ne soit construit… En même temps tout le monde appelle à ce que ce projet cesse.
Peut-être que pour une fois la voix commune sera entendue.
Le fiasco dans la peau
Pour l’anecdote, la super classe de nature menée par mon cher instituteur Monsieur Contensou qui nous apprit un jour sur l’estrade de son grand tableau vert ce qu’était faire chabrot1… était parfaite.
L’hébergement était parfait, même si l’eau était froide très rapidement, le presbystère où nous prenions les repas sur les bancs des grandes tables était parfait, ainsi que les tartines géantes de vrai pain à prendre à deux mains qu’on m’a laissée tremper dans du café noir parce le chocolat “ça me fait vomir” (brossez-moi les dents avec du dentifrice à la menthe après le p’tit déj et vous verrez). Le gouffre de Padirac, le Château de Commarque où je suis retournée avec Monsieur étaient parfaits eux aussi (Monsieur Contensou prononçait bien les deux “m” de Commarque comme un rebond avec son accent aveyronnais).
Tout était parfait.
À une exception.
J’ai attrapé une angine rouge qui m’a clouée avec deux autres malades dans nos chambres le jour où nous devions visiter les Grottes de Lascaux. Mon rêve ultime dans ce périple, le clou du spectacle, le climax de l’aventure. Envolé. Laminé, ratatiné pour un fond de gorge rouge.
J’aurais été transformée en rouge gorge pour de vrai que je m’en serais mieux portée.
Mais cette journée à part reste aussi dans ma mémoire car nous avons joué aux cartes entre deux pics de fièvre avec mes compagnons d’infortune, et ça les autres n’y ont pas eu droit. Mon état fiévreux m’a plongée dans une cotonnade pas désagréable non plus, qui m’a fait avaler la perte de la Grotte de Lascaux.
Toujours pas allée depuis ceci dit.
Tout comme la Tour Eiffel d’ailleurs (encore une idée de M. Contensou mais ce jour là ils ont dû fermer la Tour “exceptionnellement”).
Toujours pas allée non plus.
Et, ultime monument que je visais alors : le Colisée à Rome. Une idée de prof de 5ème cette fois, annulé purement et simplement pas nos encadrants en fin de séjour :
-Bah en fait on n’a plus le temps !
Vous vous foutez de moi ou quoi ?
Tout ça, ça en fait des TOTAL, c’est moi qui vous le dis !
Que tirer de tout cela ?
Une bonne poilade déjà ! Ça sert à ça les gadins, à faire rire la galerie.
Une aventure quand même. Je me souviendrai de cette journée avec mon amoureux et cette déception partagée, la persévérance en bandoulière comme une fleur au fusil.
Et le pire c’est qu’il y en aura d’autres des fiascos…
Je vous embrasse pleine de souvenirs et de rires “pouffés”, frappée de choses que je n’ai pas encore racontées qui me reviennent comme des balles de ping pong délogées d’une gouttière.
PS : Je vous invite vraiment à écrire une anecdote en commentaire, vous en avez forcément. Même en une ligne rapide ! Oui il faut s’inscrire mais ça prend deux clics et je suis sûr que je vaux bien ça un peu quand même ;) Après vous serez tranquilles pour toutes les autres lettres à venir. Votre soutien m’est important, ça nourrit mon énergie et ma plume quand elle est en berne. Et surtout n’hésitez pas à partager ces mots qui feront peut-être plaisir à quelqu’un que vous connaissez bien. Ou à l’inverse, peu !
PS bis : L'année du lapin d’eau a démarré le 22 janvier 2023, comme quoi ça a du bon d’être à la bourre et les lapins en savent quelque chose. Apparemment cette année est selon voyagechine.com “la combinaison du Lapin, qui symbolise la prospérité et la paix, et de l'élément Eau, qui a une très bonne capacité d'adaptation et représente la richesse dans la culture chinoise. En général, l'année 2023 s'annonce comme une année d'espoir.”
Je ne pensais pas si bien dire dans ma dernière lettre !
Bisou bisou.
À la campagne, faire chabrot consistait à verser le reste de son vin dans le fond de son assiette de soupe puis de boire à même l’assiette selon l’explication et les mimes de Monsieur Contensou. Sourire aux lèvres.
J'aime ces jolis mots relatant de moments de vie partagés avec brio... Je me sens prêt à affronter un prochain fiasco avec toi...